Le secteur technologique a connu des hauts et des bas ces dernières années. Les acteurs du milieu le savent, il s’agit d’un domaine qui a toujours été instable. Mais l’innovation dans le domaine des technologies financières continue d’être un moteur de croissance majeur. Il y a donc plusieurs jeunes entreprises canadiennes qui entrent dans le marché. Dire que la fintech au Canada attire les regards, c’est vrai aujourd’hui et peut-être dans le futur.
La FinTech au Canada du milieu financier est en forte effervescence.
Le meilleur exemple du moment est Neo Financial de Calgary. Sa croissance fût stupéfiante avec des revenus sur trois ans de plus de 38 000 %. Elle a dans les faits été nommé récemment l’entreprise à la croissance la plus rapide au Canada.
Parmi elles, on trouve KOHO de Vancouver, qui vient de lever 300M$ en capitaux. Elle veut devenir une prochaine grande banque. Il y a aussi Wealthsimple de Toronto, qui a accompli un travail considérable depuis son lancement il y a 10 ans. Celle-ci maintient de sérieuses ambitions pour l’avenir.
L’IA dans la fintech : un avantage unique ou la nouvelle norme ?
Nous ne pouvons pas sous-estimer la présence de l’intelligence artificielle dans la fintech. Il y a quelques exemples récents, parmi des centaines. Ecomtent à Toronto, Bloks.app à Ottawa, Loop à Toronto, Conquest Planning à Winnipeg et Propel à Toronto pour ne nommer que ceux-là. C’est l’un des secteurs qui adopte le plus agressivement la technologie, même si la course est difficile.
Quoi qu’il en soit, il sera intéressant d’observer si l’IA devient un véritable facteur de différenciation. Parce que pour les fintechs qui la développent ou l’utilisent le mieux, ça pourraient donner un beau futur. Cependant, l’on doit tenir compte que si la technologie devient simplement la nouvelle référence standard. Soit celle à partir de laquelle, on peut créer des produits et des services.
Le secteur canadien des services financiers semble être un cas d’école de gestion d’un secteur prêt à être perturbé par la fintech.
Le secteur canadien des services financiers est très concentré. Ce qui est souvent le signe que les innovateurs ont hâte de faire bouger les choses. En 2022, les cinq premières banques généraient plus des trois quarts des revenus bancaires. Dans un autre secteur, les six premières compagnies d’assurance généraient près de 50 % des revenus du secteur. Ce sont des signes de concentration excessive, mais qui donnent des entreprises solides.
Le Canada se classe dans le Top 5 au monde pour l’adoption des nouvelles technologies.
Sur ce plan, le Canada se classe parmi les cinq premiers pays du monde. Pensons en termes de pénétration des téléphones intelligents, d’utilisation d’Internet et de niveaux d’éducation supérieure. Ce sont tous des mesures qui suggèrent une volonté d’adopter les nouvelles technologies.
Pourtant, le Canada n’a pas suivi le modèle alors que la fintech s’est développée dans d’autres pays développés.
Le Canada se classe parmi les cinq derniers pays développés en matière d’adoption des services bancaires numériques. Même chose pour l’adoption des services numériques B2B et des solutions fintech, qu’utilise les consommateurs canadiens. Seuls 13 % des consommateurs canadiens de services bancaires utilisent les fintechs. Par exemple, au Royaume-Uni, c’est 32 % aux États-Unis, c’est 42 %. Cela laisse un énorme potentiel inexploité.
Parlant de potentiel inexploité, seulement 3 % des revenus bancaires canadiens provenant des entreprises de détail et des petites et moyennes entreprises (PME), ont été consacrés à la fintech. Sur 135 milliards de dollars total en 2022, c’est très peu. Si les niveaux de pénétration de la fintech étaient similaires à ceux des États-Unis qui sont de 8 %, les fintechs d’ici auraient 5 milliards de revenus supplémentaires.
Les succès des nouveaux joueurs en FinTech : source d’inspiration pour les firmes en démarrage et PME
Par exemple, Wealthsimple, un service de gestion de placements en ligne, gérait des actifs d’une valeur de 30 milliards de dollars en 2024. Tandis que la firme de paiements Nuvei, introduit en bourse en 2020, a traité des paiements d’une valeur de 141 milliards de dollars en 2023. Nuvei a généré des revenus de 870 millions de dollars au cours des neuf premiers mois de 2023.
Certaines sociétés d’infrastructure fintech émergent également, et leur succès sera essentiel à la croissance de la fintech à mesure qu’elles construisent l’infrastructure et les systèmes sur lesquels reposent les offres de services financiers numériques. Neo Financial est l’une de ces sociétés, qui propose des produits destinés aux consommateurs ainsi que des services d’infrastructure pour les paiements, les cartes et les comptes numériques. En 2023, Tim Hortons, une grande chaîne de restaurants canadienne, a choisi Neo pour alimenter sa nouvelle offre de cartes de crédit.
Le comportement des consommateurs envers les services bancaires.
Il est difficile de persuader les consommateurs canadiens de changer de fournisseur de services financiers. Prenons l’exemple des services bancaires de détail. Selon une analyse de McKinsey, cela représentent plus de 60 % des revenus bancaires. Une enquête McKinsey auprès des consommateurs sur les services bancaires de détail de 2023 a montré que 61 % des répondants avaient utilisé la même banque pendant dix ans ou plus et que le nombre de ceux qui pourraient être enclins à changer de banque avait diminué, passant de 10 % en 2021 à 9 % en 2023. Il n’est donc guère surprenant que 40 % des dirigeants de fintech interrogés par McKinsey aient souligné les difficultés qu’ils rencontrent pour attirer les consommateurs canadiens vers leurs plateformes.
La réticence des consommateurs à changer de banque pourrait s’expliquer par le fait qu’ils sont relativement satisfaits de leur banque. Le taux de satisfaction de la clientèle des banques canadiennes, qui mesure la probabilité que les consommateurs recommandent leur banque à d’autres, a chuté ces derniers temps, mais il reste considérablement plus élevé que celui des banques européennes, où des millions de personnes ont opté pour des fournisseurs numériques.
Une fintech britannique a réussi à conquérir des parts de marché auprès des grands acteurs en ciblant les millénariaux et la génération Z, férus de technologie, qui ont été séduits par la promesse d’une expérience numérique sans faille leur donnant un accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à leurs finances dans le monde entier, ce que les banques traditionnelles n’étaient pas en mesure d’offrir à l’époque.
Le financement de solutions fintech pour les PME pourrait également stimuler la croissance.
Les PME ont longtemps été mal desservies par les fournisseurs de services financiers traditionnels sur les marchés du monde entier, bien qu’elles représentent environ 90 % des entreprises, selon une étude de McKinsey. Le marché canadien n’est pas différent.
Tout dépend toutefois des fintechs elles-mêmes pour que davantage de financement soit matérialisé. Les investisseurs sont plus susceptibles de soutenir les entreprises qui créent des produits disruptifs et une propriété intellectuelle précieuse qui s’avèrent compétitifs sur la scène mondiale. Pourtant, plus de 30 % des investisseurs interrogés ont déclaré que le manque d’innovation était l’une des raisons pour lesquelles les fintechs canadiennes n’étaient pas financées. Ils estimaient qu’il y avait trop de produits et de solutions « similaires ».
Les partenariats entre la fintech et les banques.
Il existe deux principaux types de partenariats. Le premier est un modèle de facilitateur de fintech, dans lequel les entreprises en place exploitent l’innovation et l’agilité d’une fintech pour optimiser leurs propres processus internes, en adoptant des technologies et des modèles commerciaux éprouvés (et parfois des bases de consommateurs).
Des économies de coûts sont également possibles. Le deuxième est un modèle de fournisseur d’infrastructure. Avec lequel les fintechs exploitent des parties de l’infrastructure technologique de l’entreprise en place. Puisqu’il faut englober les licences et l’infrastructure de paiement. De ce fait, cela réduit ainsi le coût et le temps associés à la mise en marché de leurs propres produits.
La croissance du secteur de la fintech dépend inévitablement de la disponibilité des capitaux pour soutenir les entreprises en croissance.
Au Canada, un créneau pourrait être celui des personnes qui se sont récemment installées au pays. Le Canada a l’un des taux d’immigration les plus élevés au monde. Le pays a accueilli environ 500 000 personnes en 2022. Parmi elles, 60 % avaient entre 20 et 39 ans, soit la tranche d’âge la plus susceptible d’utiliser des produits de technologie financière.
De nombreux immigrants viennent également d’Europe et de pays comme la Chine et l’Inde, où les services bancaires numériques sont plus courants. Ils sont donc peut-être plus ouverts à l’utilisation d’offres bancaires innovantes que de nombreux Canadiens.
Le Canada a un taux élevé d’inclusion financière (environ 98 % en 202113), ce qui ne laisse pratiquement aucune marge de manœuvre aux fintechs pour se constituer une base de consommateurs en ciblant des consommateurs entièrement nouveaux dans le secteur des services bancaires de détail. Mais elles peuvent offrir de nouveaux services aux consommateurs des banques.
La technologie pourrait aider de nombreux canadiens à suivre leur finance.
« Le problème n’est pas que les Canadiens ne sont pas bancarisés, mais qu’ils sont sous-bancarisés », a déclaré un dirigeant de la fintech. Beaucoup de ces clients bancaires pourraient être attirés par une solution fintech. Par exemple, si ceux-ci réalisent que ça les aide à suivre et à gérer leurs dépenses.
Le secteur canadien de la fintech semble voué à la croissance. Les offres de produits adaptées sont susceptibles d’attirer les nombreux consommateurs canadiens férus de numérique et ouverts à l’innovation. L’amélioration des conditions financières entraînera probablement davantage de financement pour les fintechs. Ce financement qui pourrait s’avérer particulièrement puissant s’il était réparti de manière plus uniforme. Soit, selon les stades de maturité et davantage axé sur les solutions B2B.
Les partenariats entre les titulaires et les fintechs ont le potentiel de profiter aux deux parties. Il y a des signes de changement sur le plan réglementaire et il existe une abondance de talents pour aider à développer de nouveaux produits.
Sources:
McKinsey, 2024, Springtime for Canada’s fintech industry?
https://www.mckinsey.com/ca/overview/springtime-for-canadas-fintech-industry
Fintech.ca
https://www.fintech.ca/2024/10/09/fintech-trends-canada-fall/