La valorisation des marchés financiers mondiaux actuelle (2025), est-ce un signal d’alarme pour les entrepreneurs et investisseurs.? Ce qui laisse penser que la croissance de productivité dû à l’intelligence artificielle, (l’IA) va tout bouleverser et révolutionner. Que ce soit pour les secteurs d’activités domestiques comme pour remodeler nos façons de travailler, de voyager et de communiquer.
Au cœur du discours des investisseurs, depuis la venue de ChatGPT en novembre 2022, se trouve l’espoir que l’IA permettra des gains de productivité massifs pour les entreprises.
En autre pour :
- l’automatisation des processus,
- la réduction des coûts
- la croissance de la rentabilité à long terme.
Mais cette attente de croissance de productivité du à l’intelligence artificielle est-elle justifiée ?
L’histoire confirme-t-elle l’hypothèse selon laquelle l’innovation technologique est le moteur d’une croissance soutenue de la productivité ? Et quels enseignements les investisseurs peuvent-ils tirer? pour gérer les périodes où l’attention portée aux promesses d’une innovation éclipse tout le reste ?
L’adoption d’une innovation s’accélère au fil du temps lors d’une avancée technologique.
Un regard rétrospectif sur les innovations historiques révèle un changement radical du rythme d’adoption au cours du siècle dernier. Les graphiques ci-dessous présentent les chronologies d’adoption des principales innovations apparues au cours de la première moitié du siècle dernier.
Les avancées technologiques telles que les appareils électriques, les voitures et les téléphones – innovations tangibles et physiques – ont mis des décennies à être largement adoptées dans un monde non numérique. Pourtant, au cours de cette période, on constate une accélération des cycles d’adoption, principalement due à la croissance des communications de masse.

En revanche, la période post-1950 a vu l’essor des technologies numériques à l’ère des médias de masse et de la mondialisation. Les innovations modernes – comme Internet, les téléphones intelligents et, désormais, l’IA – se sont propagées à une vitesse vertigineuse, propulsées par la connectivité mondiale et l’effet réseau.

Compte tenu de ces taux d’adoption accélérés, il semble raisonnable de s’attendre à une adoption rapide de l’IA. Également avec des impacts correspondants sur la productivité du à l’intelligence artificielle. Entreprises et consommateurs intègrent déjà l’intelligence artificielle, l’IA, dans leurs processus et produits. Commeson peut voir sur les sites Web des chatbots génératifs à la robotique avancée dans les usines.
Mais une adoption plus rapide se traduira-t-elle par des gains de productivité à long terme?
Pour répondre à cette question, commençons par passer en revue un siècle de progrès technologiques extraordinaires. Le graphique ci-dessus met en évidence six vagues ou ères technologiques, chacune ayant eu un impact profond sur nos vies et notre industrie.
Ensemble, elles ont radicalement transformé nos modes de production, de travail, de consommation et de communication. En bout de ligne, ça amélioré ainsi notre santé, notre longévité et notre qualité de vie. Cela a indéniablement eu un impact bénéfique sur la croissance du PIB réel.
Donc, oui, l’adoption rapide d’une innovation technologique a permit des gains de productivité.
Pourquoi la croissance du PIB réel américain et canadien est en déclin depuis des décennies ?
Une analyse de la croissance du PIB réel américain depuis les années 1930 révèle un lent déclin. La tendance de croissance à long terme est donc persistance. Et ce, malgré la reprise observée durant les dernières années de la Seconde Guerre mondiale. Alors que, depuis ce temps, la croissance économique globale est tombée sous sa moyenne historique de 3,3 %. Ce déclin persiste malgré des vagues successives d’innovations majeures, de l’électrification à la révolution numérique.
Le ralentissement de la croissance du PIB a peut-être été compensé par une accélération de la croissance de la productivité du travail. Cet indicateur examine plus spécifiquement l’augmentation de la production horaire de biens et services par la population active américaine.
Là encore, nous constatons un ralentissement des taux de croissance moyens sur 10 ans. Les données indiquent une diminution des gains d’efficacité au fil du temps. Ainsi, l’on peut dire que malgré des révolutions innovantes significatives et l’émergence des ordinateurs personnels.
Sans oublier d’ajouter :
des avions à réaction,
des satellites,
du courrier électronique
d’Internet.
La croissance de la productivité du travail aux États-Unis et au Canada est également en baisse.
L’idée selon laquelle l’innovation entraîne une modification marquée de la croissance économique (mesurée par le PIB) ou une augmentation de la productivité semble erronée. Il semblerait plutôt que l’innovation soit une nécessité pour simplement maintenir la croissance des économies, même à un rythme plus lent. En réalité, davantage d’innovation est nécessaire, adoptée rapidement pour enrayer le déclin de la croissance de la productivité.
Comprendre le paradoxe entre productivité et innovation.

Le paradoxe de l’innovation réside dans le fait que, si elle améliore incontestablement des processus ou des secteurs spécifiques, ses impacts plus larges sur la productivité sont souvent insuffisants.
Cela est probablement dû à une multitude de facteurs complexes et interdépendants liés à :
- la macroéconomie,
- à la dynamique du marché
- la dynamique du travail
- à la démographie.
Cependant, une observation clé est que l’amélioration de l’efficacité s’accompagne souvent d’une complexité et d’un volume accrus. Par exemple, le courrier électronique a considérablement réduit le coût et le temps de communication par rapport aux lettres ou aux fax.
Cependant, la facilité d’envoi des courriers électroniques a entraîné une augmentation significative du volume des messages. En bout de ligne, ce qui a distrait les travailleurs et dilué les gains d’efficacité.
Les innovations introduisent souvent des complexités qui nécessitent de nouvelles compétences, infrastructures ou cadres réglementaires, ce qui peut freiner les gains de productivité.
Il y a de forte chance que ce frein arrivera avec la productivité du à l’intelligence artificielle que l’on constate aujourd’hui, au début du cycle d’adoption.
L’impact de l’euphorie spéculative sur les cycles d’innovation.
Cette constatation de l’absence de lien perceptible entre une innovation potentiellement révolutionnaire et la croissance de la productivité jette un nouvel éclairage sur l’optimisme excessif que les innovations peuvent inspirer.
Comme on le constate aujourd’hui avec l’IA, les investisseurs croient invariablement que « cette fois, ce sera différent ». Parce que les capitaux affluent dans le secteur, les valorisations s’envolent et les comportements spéculatifs s’intensifient.
Ironiquement, cette offre excédentaire de capitaux tend à favoriser les taux d’adoption, mais elle le fait en favorisant l’imitation. Elle tend à accroître la concurrence et à abaisser les barrières à l’entrée, créant ainsi un volume important d’options similaires.
Par exemple, l’ère d’Internet a connu une forte augmentation des investissements spéculatifs, notamment pendant la bulle Internet. On le sait, Internet a indéniablement transformé la communication, le commerce et l’accès aux données. Par ailleurs, son adoption généralisée a entraîné une offre excédentaire et une banalisation.
Le cloud computing (infonuagique), lui aussi, est passé d’une technologie disruptive à une offre standard. Ce qui a eu pour effet des marges de profit comprimées par la concurrence.
Dans un autre temps, à l’ère prénumérique, les services publics ont illustré ce processus. L’électricité et les réseaux électriques étaient autrefois révolutionnaires. Ceux-ci promettant une croissance exponentielle en fournissant de l’énergie aux foyers et aux entreprises.
On a vu que les premiers investisseurs se sont rués sur ces secteurs, espérant des rendements élevés et durables. Au fil du temps, cependant, ces services publics sont devenus des produits de base et réglementés. Ainsi, ils sont passé d’investissements de croissance à des actifs stables et générateurs de revenus. Leur valeur perçue repose désormais sur la fiabilité plutôt que sur l’innovation.
Les implications potentielles pour les entrepreneurs et investisseurs qui adoptent ou veulent profiter de l’IA.
L’IA suivra-t-elle cette trajectoire, passant d’une force transformatrice à une commodité comparable à un service public ?
Ce schéma semble se répéter, l’IA générative doit bénéficier d’investissements dans le cloud estimés à 300 milliards de dollars d’ici 2030. Les marchés anticipent une adoption universelle et des impacts considérables sur la rentabilité. Particulièrement pour les fabricants de puces et les fournisseurs de services d’IA.
Cependant, comme le montre l’histoire, l’adoption généralisée d’une innovation tend à banaliser la technologie. Comme écrit dans un paragraphe précédant, (à favoriser l’imitation), ce qui réduit ses marges et sa valeur à long terme. Une dynamique similaire pourrait se produire pour l’IA. Là où la concurrence et l’accessibilité accrues pourraient éroder la prime associée à l’innovation en phase de démarrage.
Les entrepreneurs et investisseurs doivent donc faire preuve de prudence avec l’intelligence artificielle.

Malheureusement, il peut être difficile de ne renoncer à investir dans un actif qui a pris beaucoup de valeur. Prenons comme exemple (Cryptomonnaies, actions de fournisseurs d’IA). En plus, la trajectoire haussière ne montre aucun signe d’essoufflement, du moins temporairement.
La peur de manquer une opportunité domine, favorisant la réapparition incessante de bulles et des concentrations qui en découlent sur les marchés. C’est pourquoi une discipline d’investissement stricte est essentielle, à la fois pour les entrepreneurs et les investisseurs.
Obtenir des rendements durables dans un contexte d’euphorie autour de l’IA.
L’attrait de l’innovation captivera toujours les marchés. De l’électricité à Internet, et aujourd’hui par l’IA. Les technologies transformatrices offrent la promesse de remodeler les économies et de favoriser la prospérité.
Pourtant, le PIB réel et la productivité du travail sont tous deux en déclin depuis cent ans. Loin de stimuler la croissance de la productivité à long terme, l’innovation est nécessaire pour simplement la soutenir.
L’IA pourrait certes apporter des changements substantiels, mais à l’instar des innovations passées, son adoption pourrait également entraîner une imitation généralisée et une baisse des rendements à long terme.
Par exemple, Groupon le site web d’achat groupé qui offre de grands rabais aux consommateurs, a aussi connu ce phénomène. Dans ses deux premières années d’existence, elle a connu une augmentation fulgurante de son chiffre d’affaires pour atteindre deux milliards de dollars US.
Par contre, son modèle d’affaires était facilement copiable et une centaine de nouveaux compétiteurs l’ont imité. Sa valorisation boursière a fondu de 90 % en trois ans après son entrée à la bourse.
Pour les entrepreneurs et investisseurs, le défi consiste à trouver un équilibre entre la participation à la croissance tirée par l’innovation et le maintien d’une discipline rigoureuse afin d’éviter les excès spéculatifs.
Pour y arriver, prévilégié des stratégies d’investissement rigoureusement axées sur la valorisation. Ainsi, les entrepreneurs et investisseurs peuvent se positionner pour bénéficier de l’innovation sans être victimes de son effet de mode. Les entrepreneurs doivent développer un modèle d’affaires, idéalement avec des avantages concurrentiels durables, qui ne seront pas facilement copiables.