Entrevue avec
H&H S.E.N.C.

  1. Présentez-nous votre entreprise.

H&H S.E.N.C. est une entreprise spécialisée dans le développement, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des partenariats internationaux dans le secteur de l’éducation impliquant les établissements d’enseignement québécois et africains. Grâce à notre profonde connaissance du système éducatif africain et québécois, nous créons le cadre optimal qui garantit aux parties prenantes le développement de coopérations crédibles, de qualité et durables.

2. Comment est née votre entreprise ?

L’idée de créer H&H repose sur deux constats et deux causes majeures.

Parlant des constats, nous avons remarqué que l’Afrique est un continent en pleine croissance avec une offre de main-d’œuvre plus élevée que la demande actuelle. Le continent dispose ainsi d’une jeunesse qualifiée, ambitieuse et très souvent ouverte aux opportunités d’emploi à l’international, notamment au Canada. Parallèlement, notre deuxième constat est relatif à la pénurie de main-d’œuvre qui secoue notre belle province, le Québec. La pénurie de main-d’œuvre touche toutes les régions québécoises. Cette situation oblige plusieurs commerces à suspendre leurs activités, à revoir leurs horaires en fermant plus tôt ou encore à simplement quitter la province.

En ce qui concerne les causes, il faut tout d’abord relever que H&H, c’est bien plus qu’une entreprise. Nous souhaitons qu’à travers notre action entrepreneuriale, les causes qui nous tiennent à cœur trouvent des solutions durables. Premièrement, nous prônons un accès équitable de toutes et tous à l’éducation. Pour H&H, l’accès de tous les êtres humains à une éducation de qualité sans considération aucune de leur sexe, religion, appartenance politique, ni de frontières est un droit humain fondamental et de base.

Deuxièmement, nous souhaitons contribuer à notre manière à la lutte contre le chômage en Afrique et participer dans le même temps à la résolution de la crise de la pénurie de main-d’œuvre au Québec. Pour nous, de beaux changements peuvent être amorcés au Québec et en Afrique si on mise sur le développement de partenariats internationaux en éducation fondés sur d’excellentes valeurs couplées avec un système d’immigration adapté aux problèmes actuels.

3. Comment fonctionne H&H pour ses partenariats ?

Fidèle à ses valeurs, H&H a mis en place une démarche unique en son genre. Le système partenarial dans lequel les partenariats internationaux en éducation sont intégrés est conçu de façon à garantir la pérennité de nos actions et à protéger les intérêts de toutes les parties prenantes. Il s’agit d’un système soigneusement pensé dans le but de répondre véritablement aux besoins et aux exigences des parties prenantes en matière de coopération internationale. Il faut aussi notifier que les différentes parties prenantes sont sélectionnées par nos soins sur des critères rigoureux. Nous invitons toute institution désireuse d’en savoir plus sur notre démarche à prendre attache avec nous.

4. H&H travaille actuellement sur un projet en lien avec la pénurie de main-d’œuvre au Québec. Pouvez-vous nous en parler ?

« La pénurie de main d’œuvre est une réalité qui frappe les entreprises de notre région. Nous essayons avec les entreprises de trouver des solutions durables pour maintenir le dynamisme économique du centre de Québec. Les solutions comme celles proposées par H&H méritent qu’on s’y attarde. »

Frédérick Michaud, directeur à la formation continue – Cégep de Victoriaville

Lucie Marchessault, directrice de la formation continue et du service aux entreprises – Cégep de Drummondville

Effectivement nous travaillons sur un programme dénommé Programme régional pour les futurs immigrants diplômés du Québec, en abrégé « PRÉFIQ ».

5. Qu’est-ce que le PRÉFIQ ?

Le Programme régional des futurs immigrants diplômés du Québec (PRÉFIQ) est un programme spécial de formation et de recrutement de travailleurs temporaires en provenance d’Afrique dédié aux régions. Le PRÉFIQ vise à attirer dans les régions québécoises des travailleurs qualifiés africains détenant un diplôme québécois ciblé et obtenu à l’extérieur du Canada, et encadré par des partenariats internationaux en éducation reconnus, en vue de leur installation temporaire au Québec

6. Quels sont les objectifs du programme ?

Le but de ce programme est d’arrimer les compétences recherchées par les employeurs québécois avec celles des travailleurs temporaires en provenance d’Afrique de sorte à pallier durablement les problèmes de pénurie de main-d’œuvre en fonction des besoins de chaque région du Québec.

Les objectifs du programme sont :

  • Permettre aux régions du Québec de bénéficier de l’apport de jeunes Africains motivés et désireux de s’installer durablement sur leur territoire, en misant sur des partenariats internationaux en éducation reconnus et de qualité ;
  • Attirer et retenir, dans les régions, de jeunes travailleurs africains, formés depuis leur pays d’origine par un établissement d’enseignement du Québec, et ce, sans contraintes de reconnaissance des diplômes et de reconnaissance professionnelle ;
  • Mettre à la disposition des employeurs des régions du Québec un levier additionnel et durable, pour que ceux-ci forment, attirent et retiennent sur leur territoire les travailleurs spécialisés dont ils ont besoin pour soutenir leur économie et la population locale ;
  • Contribuer durablement à l’atteinte des volumes d’immigration déterminés par le gouvernement et, ce faisant, améliorer la situation démographique du Québec.

7.  D’où vous vient l’idée du PRÉFIQ ?

L’initiative de ce programme repose sur des éléments clés qui n’ont plus besoin de démonstrations de notre part, car plusieurs experts de part et d’autre ont déjà livré des analyses et des statistiques pertinentes.

Selon le Conseil du patronat du Québec, annuellement, on a besoin d’au moins 60 000 personnes immigrantes pour intégrer le marché de l’emploi et idéalement s’installer définitivement au Québec. Le patronat met également l’accent sur le fait qu’il faudrait que ce soit des personnes dont les compétences sont en adéquation avec le marché du travail. Dans le même temps, le vieillissement de la population québécoise fait en sorte que le bassin de la main-d’œuvre disponible localement diminue chaque année ; créant ainsi un besoin croissant d’accueil de travailleurs étrangers qualifiés.

Investissement Québec prévenait justement, il y a deux mois, dans l’une de ses publications sur le réseau social LinkedIn que le bassin de la main-d’œuvre potentielle passera de 61 % en 2016 à 53 % en 2066. Pour nous, cela donne à réfléchir, car cela impliquerait que cette crise pourrait perdurer encore plus de 40 ans si aucune mesure durable n’est mise de l’avant. De même, nous avons observé dans les démarches de recrutement de travailleurs temporaires étrangers certaines insuffisances. À titre d’exemple, nous pouvons relever la longueur des délais de traitement de demandes d’immigration ; le caractère non flexible de certains documents d’immigration (exemple : le permis de travail fermé), etc.

Au regard de toute cette réalité et après avoir essayé un certain nombre d’initiatives par le passé, nous avons simplement mené le raisonnement suivant : si en ce moment plus de 32 millions de jeunes diplômés sont touchés par le chômage en Afrique et qu’au Québec on a un tel besoin en main-d’œuvre, pourquoi ne pas trouver une formule qui permet de faire d’une pierre deux coups. On contribuerait ainsi à pallier la pénurie ici et on réduirait considérablement le taux de chômage en Afrique. C’est de cette réflexion qu’est né le PRÉFIQ.

8. Quelles sont les parties prenantes concernées par le PRÉFIQ ?

Dans sa forme actuelle ; puisqu’il est appelé à être bonifié, le PRÉFIQ cible un large éventail d’acteurs. Nous ciblons les établissements d’enseignement québécois –notamment les cégeps et collèges –, les gouvernements (provincial et fédéral), les entreprises et leurs faitières (ex. : le Conseil du patronat du Québec), les élus locaux et leurs faitières (ex. : l’Union des municipalités du Québec) et tous les organismes qui interviennent dans l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants. Chaque partie prenante a un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre du programme, car nous sommes convaincus que ce n’est qu’à travers une synergie que le travail de tous portera ses fruits. Sinon, on continuera de travailler en îlots et on n’avancera pas pour autant.

9. Comment comptez-vous mobiliser les différentes parties prenantes ?

Les établissements d’enseignement québécois représentent un maillon important du programme. Sans eux, rien ne peut se faire concrètement. C’est pour cela que, dans un premier temps, nous avons jugé important de les approcher afin de collaborer avec eux tout en valorisant leurs expériences et expertises. Nous avons approché des collèges et cégeps et leurs faitières (la Fédération des cégeps du Québec). D’ailleurs, c’est le lieu de souligner que quelques cégeps et collèges sont fascinés par le programme et travaillent activement avec nous pour son amélioration et sa mise en œuvre.

Dans un deuxième temps, nous allons chercher les autres acteurs (entreprises, gouvernements, élus locaux, etc.). D’ailleurs, nous avons demandé à rencontrer les premiers ministres au fédéral et au provincial ainsi que certains de leurs ministres concernés par le dossier comme les ministres de l’Immigration, les ministres de l’Emploi et le ministre de l’Éducation du Québec. Nous avons initié la même démarche avec le Conseil du patronat du Québec et l’Union des municipalités du Québec.

Nous espérons les rencontrer bientôt pour leur présenter le programme et voir comment collaborer ensemble pour son réajustement et sa mise en œuvre. Nous souhaitons aussi recueillir l’avis de la population sur le programme afin de le bonifier. C’est pour cela que nous avons lancé une campagne média sur la thématique de la pénurie de main-d’œuvre. Les gens peuvent suivre notre actualité à ce propos sur www.hhsenc.ca et nous transmettre leurs opinions à travers notre formulaire de contact.

10. Quelles sont les régions et les formations ciblées par le PRÉFIQ ?

Le PRÉFIQ a l’avantage d’être un programme flexible. Notre but est de faire en sorte qu’il devienne un programme de choix dans toutes les 17 régions administratives du Québec et qu’il permette de renforcer durablement les autres actions qui sont déjà déployées sur le terrain.

En matière de formation, nous ne ciblons pas de formations particulières. Tout se fera en fonction des besoins des entreprises et on s’entend que les besoins varient d’une entreprise à une autre, mais aussi d’une région à une autre. C’est pour cette raison qu’on souhaite, et c’est aussi le souhait de certains collèges et cégeps, mettre en place une phase pilote de trois ou cinq années afin d’évaluer les retombées du programme et de le réajuster pour le long terme.

11. Comment le PRÉFIQ peut-il avoir un impact sur la société québécoise ?

Nous sommes convaincus que le PRÉFIQ permettra de soutenir durablement l’économie, la démographie locale et la prospérité des régions québécoises.

Parlant d’économie, les chiffres actuels parlent d’eux-mêmes. Il est clair qu’en permettant aux entreprises d’avoir accès à une main-d’œuvre formée exactement selon leurs besoins, non seulement on leur fait gagner temps et argent, mais ils gagnent en productivité. Plus ils sont productifs, plus ils apportent à l’économie. Par ailleurs, il y a un aspect de l’économie qu’on oublie de mentionner bien souvent. Il s’agit de l’apport des personnes immigrantes reçues. Nous visons entre 6 000 et 12 000 personnes par an à travers notre programme sur les 60 000 attendues.

Ces personnes paieront des taxes, vont louer des logements, vont faire l’épicerie, vont inscrire leurs enfants à la garderie, vont prendre une police d’assurance, vont payer des impôts, etc. En gros, c’est 6 000 à 12 000 personnes qui vont sur une base régulière dépenser dans plusieurs industries québécoises et contribuer ainsi à garder l’économie dynamique.

En ce qui concerne la démographie locale et la prospérité, le PRÉFIQ a le mérite de proposer la création d’un nouveau type de permis de travail. Nous l’avons baptisé « permis de travail des régions ». Ce permis – délivré dans un délai accéléré – permettra à une personne formée dans son pays d’origine par un établissement d’enseignement québécois en partenariat avec un établissement d’enseignement africain selon les besoins d’une entreprise donnée, de venir occuper un poste au sein de ladite entreprise pendant trois ans.

Ce permis est particulier, car il permettra à la personne, si elle le souhaite, de changer d’entreprise pendant son séjour au Québec sans avoir besoin de demander un nouveau permis du moment qu’il reste dans la même région administrative. De plus, ce permis constituera une passerelle permettant à son détenteur, au bout des trois ans de travail, de demander la résidence permanente via le programme de l’expérience québécoise. À la seule différence qu’elle devra travailler encore pendant cinq ans dans la même région administrative avant d’avoir le droit de changer de région. De cette manière, nous estimons qu’après huit ans, les travailleurs reçus auraient développé suffisamment de réseaux dans leur région et leurs enfants aussi.

Cela fortifie en même temps la démographie locale et permet de faire prospérer la région en retenant dans la région chaque talent pour huit ans minimum. En somme, si par exemple, une région accueille 500 personnes en 2020, nous avons ainsi l’assurance que la personne y demeurera jusqu’en 2028 minimalement et c’est l’effet cumulatif des effectifs annuels qui permet de rétablir une bonne démographie dans les régions. C’est pourquoi le PRÉFIQ mobilise la quasi-totalité des acteurs nécessaires tout au long du processus.

12. Qu’est-ce qui vous distingue des autres organisations dans votre domaine ?

 Très bonne question, notre distinction se situe à deux niveaux.

  • Nous avons une bonne connaissance du milieu africain, étant originaires de ce continent mais nous avons également acquis une bonne connaissance du système éducatif québécois car le Québec est désormais notre chez nous.
  • Les partenariats que nous nouons avec les établissements d’enseignement québécois sont conçus dans une volonté d’arrimer les besoins spécifiques de main-d’œuvre dans les différentes régions du Québec aux formations reçues par les futurs travailleurs.  Notre désir en formant ces derniers par les établissements d’enseignement québécois est de faire en sorte que la formation reçue permette une intégration plus rapide sur le marché du travail. Aussi, le haut taux de chômage en Afrique nous préoccupe beaucoup et nous voulons aider à réduire ce taux tout en aidant les entreprises d’ici en manque de travailleurs qualifiés dont la langue maternelle est le français. C’est pourquoi notre motivation est double. Puisqu’il y a une forme d’entrepreneuriat sociale dans le modèle que nous proposons.

13. Quelle est la plus grande difficulté que vous avez rencontrée à mettre votre programme en place ?

Notre programme est très innovateur. Toutefois, il est nécessaire que nous réussissons à réunir toutes les parties prenantes ciblées afin de créer une synergie d’action.

14. Quel est votre plus grand défi comme organisation à court terme ?

Le plus grand défi à court terme est de réussir à mobiliser les différents acteurs cités plus haut pour la mise en place de la phase pilote qui permettra d’évaluer le programme.

15. Quel est votre plus grand défi à long terme ?

Notre grand défi à long terme est de réussir à stabiliser le programme et d’atteindre les quotas que nous avons fixé soit un recrutement de 6 000 à 12 000 personnes chaque année. Nous tenons à souligner que la réussite du programme sera évaluée autant d’un point de vue quantitatif que d’un point de vue qualitatif. Pour ce dernier point, nous tiendrons en compte l’intégration des employés dans les entreprises et dans les régions ainsi que la satisfaction des entreprises qui sont des facteurs très importants de notre programme.

Merci beaucoup pour votre temps M. Sylvestre L. C. Houngbédji

Associé fondateur,

Directeur partenariats et développement corporatif

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