Comment Trump fait-il pour menacer de sanctions tous les pays qui vont oser acheter de l’or, de l’huile ou d’autres produits venant du Venezuela ? Ou menacer de sanctions les pays et les entreprises qui continuent leurs échanges avec l’Iran ?

Ou obliger des firmes américaines de ne plus faire affaire avec Huawei ou ZTE ? Ou obliger des firmes étrangères de ne plus faire affaire avec des pays que Trump a ciblés. Ou faire plier certaines personnes afin qu’elles suivent ses consignes, comme Powell ? Abuse-t-il de ses pouvoirs ?

Dans cet article, nous aborderons les différentes sources de pouvoir de coercition de Trump VS les chinois et dans un article déjà paru, ceux de la Chine.

Commençons par les pressions que Trump peut exercer par l’intermédiaire du système de paiement SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication).

Le système SWIFT

C’est une coopérative mise sur pied en 1973-74 et dont le siège social est en Belgique. C’est un réseau qui permet la collecte de données, le transfert de messages sur des transactions financières entre adhérents, d’avoir un regard sur le blanchiment d’argent et permet le transfert de paiements pour des biens et services en toute sécurité et fiabilité, entre plus de 11 000 institutions financières, maisons de courtages, grandes sociétés, etc.

Venant de plus de 200 pays. Le système facilite grandement le transfert d’argent entre membres. Les transferts se font en dollars américains, mais, eux, (les Américains) peuvent refuser l’accès au transfert d’argent en dollars américains et là, cela devient embêtant, car on devra trouver le moyen de transiger en une autre devise, comme le yuan, le rouble, etc., ce qui n’est pas facile à faire. Le système SWIFT est un peu comme un gros Westen Union, mais en plus grande étendue mondiale.

La coopérative traite environ 32 millions de messages de transfert par jour.

Même si c’est une coopérative en principe composée des 25 plus grandes banques au monde, l’exécutif est en quelque sorte contrôlé par les Américains, en partie à cause des transactions qui se font en dollars américains. Ils peuvent ainsi décider de sanctionner certains membres qui n’obéissent pas à leurs consignes, les sanctionner d’amendes frôlant parfois les milliards de dollars ou d’exclure l’accès au système à certains membres, comme l’Iran ou le Venezuela ou d’autres pays ou sociétés.

Il n’est pas facile de transférer des sous d’un pays à un autre ou de la firme d’un pays à la firme d’un autre pays en toute sécurité si on ne fait pas partie du SWIFT.

Le système Instex (Instrument in Support of Trade Exchanges)

Afin de diminuer cette dépendance aux consignes américaines, le 25 septembre 2018, plusieurs pays de l’Europe, notamment la France, l’Allemagne, l’Angleterre, la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, et depuis, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège, la Finlande et la Suède, entre autres, annoncent la mise sur pied d’un système alternatif au système SWIFT actuel, en excluant les Américains.

Un des buts ? Enlever l’énorme pouvoir de coercition qu’ont les Américains dans le système SWIFT et enlever de l’importance ou carrément exclure le dollar américain comme devise d’échange mondialement.

On veut ainsi diminuer la dépendance face aux dollars américains et par le fait même, aux menaces d’exclusion du SWIFT et de l’accès aux dollars américains faites par Trump. Si on peut faire des échanges en toute sécurité et fiabilité dans une devise autre que le dollar américain, on va diminuer le pouvoir de coercition de Trump. Et on voit déjà certaines transactions qui se font en yuan et en rouble.

Trump et les sociétés

Supposons que vous êtes un fabricant de voitures situé en Allemagne et que vous vendez 1 000 voitures par année en Iran et 100 000 par année aux États-Unis. Trump voudrait que vous arrêtiez d’exporter vos voitures en Iran. Pour vous amener à faire cela pour qu’il se sente bien (et vous, on s’en fout), il va menacer de passer une loi qui va limiter l’importation de vos 100 000 voitures par année aux États-Unis.

Le net est facile à calculer. Vaut mieux ne plus exporter vers l’Iran et perdre des ventes sur 1 000 voitures par année que de perdre des ventes sur 100 000 voitures.

L’exemple est facile à faire aussi dans le cas où vous importez du pétrole de l’Iran. Si votre société continue d’importer ce pétrole, Trump peut vous menacer de vous exclure de la vente de vos produits aux États-Unis. C’est une arme importante.

Trump et les particuliers

Si tu ne travailles pas pour lui et que tu n’es pas du tout d’accord avec lui, il va te diminuer, se moquer de toi, t’humilier, t’abaisser, te ridiculiser, bref tout faire pour te faire assez mal pour que tu finisses par céder. Il l’espère, en tout cas. Et si tu travailles pour lui, il va te congédier et ensuite te vilipender. Certaines personnes préfèrent se plier à ses demandes que risquer de perdre leurs emplois ou les avantages qu’ils avaient.

Dans un autre article, j’ai abordé les pouvoirs de coercition des Chinois. Eh oui, ils en ont aussi.

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Guy Mineault

Guy Mineault Ph.D

Jeune, j’ai été économiste avec General Motors au siège social à Oshawa en Ontario et j’ai aussi travaillé pour la CIBC au siège social à Commerce Court Toronto. Par la suite j’ai enseigné au niveau universitaire pendant 32 ans en économie, en finance et en placements.

Depuis 1994, je donne aussi des formations et des conférences en économie et en placements. Elles sont accréditées avec la CSF, l’IQPF et l’IIROQ. J’ai aussi fait plusieurs émissions de télévision, des webinaires et de courts vidéos sur les placements en fonds.

Il y a six ans j’ai été co-fondateur du MIDIF, (Mouvement d’information et d’aide aux investisseurs en fonds). Cet OSBL se veut de démythifier et démystifier des propos parfois exagérés dans l’industrie ou de demi-vérités. Il y a aussi une FAQ d’une centaine de questions sur la thématique. Vous y trouverez aussi une application mobile qui vous permet d’évaluer la performance d’investissement de vos fonds ou portefeuilles maison.

En 2010 j’ai écrit et publié un livre « Réussir ses placements sans les subir ». Ce livre s’adresse autant au conseiller en épargne collective qu’à l’investisseur averti. Il permet de voir comment choisir ses fonds selon l’approche fondamentale.

Depuis 2014, et avec la participation d’autres, il a conçu un outil de travail qui s’appelle « Kolortrak ». Ce logiciel est simple d’utilisation et très puissant. Il permet d’analyser et d’évaluer des fonds et des portefeuilles maison selon une approche innovatrice. Au moment ou j’écris ces lignes, l’investisseur a le choix de 37800 fonds différents, 56 catégories, 11 sous-secteurs et 210 familles de fonds et sans compter les nombreuses régions. Il est facile d’utilisation et il permet de choisir ses fonds parmi ses pairs. Il y a aussi une application mobile qui permet de voir la performance de ses fonds. Vous pouvez trouver cela sur le site « Kolortrak.com ». Vous y trouverez aussi 11 heures de vidéos de formation sur l’économie, la bourse et les placements.

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