Les récessions sont courantes et périodiques. Exemple, le Canada a connu cinq récessions depuis 1970, et douze depuis 1929. Ce qui fait que chaque 8 ans à 10 ans, il y a une baisse marquée de l’activité économique assez forte pour employer le mot récession. Mais qu’en est-il aujourd’hui?

La question demeure pour 2024 : sommes-nous en récession au Québec et au Canada?

Selon la définition d’une récession, définition acceptée mondialement depuis des décennies par :

  • le FMI, (Fonds monétaire international)
  • la Banque Mondiale,
  • l’Organisation mondiale du Commerce,
  • l’Organisation de coopération et de développement économiques,
  • la Banque centrale de l’Europe, l
  • la Fed américaine et ailleurs…

Nous sommes en récession lorsque le PIB d’un pays diminue 6 mois consécutifs et on sort d’une récession lorsque le PIB a augmenté six mois consécutifs. Si la baisse du PIB n’est que de 5 mois consécutifs, c’est considéré comme un ralentissement économique et non une récession.

On peut trouver des récessions en forme de V, en L, en U, ou en W.

Récession en V

Normalement, les récessions prennent la forme d’un V. Depuis environ 70 ans, la première patte du V dure environ 8 à 10 mois quand l’on atteint un creux et cela est suivi par des mois de hausses. Les récessions les plus longues sont celles en L… ou on descend et on reste là pendant un bon moment comme lors d’une dépression.

Définition d’une dépression économique

Une dépression économique, c’est une grave récession qui peut durer de 7 à 10 ans. La dernière qu’on ait vécue date des années 1930.

Dans un article de la Presse publié le 21 décembre 2023, certains économistes au Canada, ont dérogé de la définition classique d’une récession.

Ils « inventent » leur définition en disant que malgré les 6 mois dans le négatif au Québec, nous ne sommes pas en récession. Car, selon eux, pour l’être, tous les secteurs de l’activité économique doivent être aux ralentis en même temps. Présentement, ils disent que ce n’est pas le cas. Wow! De ma part, pour vous dire que cela n’est jamais arrivé et n’arrivera jamais.

Pourquoi ? Parce qu’il y a des secteurs de l’activité économique qui vont mieux quand l’économie va mal et d’autres qui restent stables.

Au Québec les secteurs de l’activité économique sont divisés en 3 grands secteurs, 20 secteurs industriels, 102 sous-secteurs, 322 groupes, 708 classes et 923 classes nationales. Pour simplifier le tout dans cet article, faisons le lien avec les secteurs de l’activité économique qu’on retrouve mondialement dans le « Global Industry Classification Standard ». Il y a 11 secteurs qui sont ensuite divisés en 24 groupes industriels, 69 industries et 158 sous industries.

Nommons les 11 grands secteurs avec quelques exemples :

La santé Équipements, médicaments, pharmacies, divers soins de santé.

 

La consommation de biens courants Pain, lait, savon, tabac, alcool, couches.
La consommation discrétionnaire Achats de produits qu’on peut reporter à plus tard comme pour l’achat d’une voiture, de vêtements, de voyages, de restaurants, et de bijoux.
L’utilité publique Entreprises qui permettent de s’alimenter en eau potable, électricité, gaz, poste, câble.
La finance Banques, compagnies d’assurances ou celles spécialisées dans la gestion de placements.
Les matériaux Fabrication d’acier, de papier, de construction, de produits chimiques.
L’immobilier Entreprises qui œuvrent dans l’immobilier, ou qui en font la gestion ou les placements.
La technologie de l’information Fabrication de logiciels, de matériel informatique, de puces électroniques.
De l’énergie Producteur, fournisseur, de pétrole, gaz, charbon, énergies renouvelables.
Les télécommunications Publicité, internet, médias sociaux,  la télévision.
L’industriel Exploitation des ressources, de la défense, de l’automatisation

On peut ajouter aussi que les 11 secteurs qu’on retrouve dans les indices boursiers comme le S&PTSX ou le S&P500 ou le Dow Jones etc. et partout dans le monde, sont aussi ceux du tableau précédent.

Il y a des secteurs qui vont mieux quand cela va mal comme celui de la santé. D’autres secteurs qui ont tendance à rester stables. Le meilleur exemple est ceux de la consommation courante (ne pas confondre avec consommation discrétionnaire qui elle fluctue beaucoup), et le secteur des services d’utilité publique.

Prenons l’exemple simple de la santé dont les dépenses ont augmenté de façon très importante lors de la récession de 2020. Je vous rappelle que cette récession a été créée par la pandémie. On reconnait qu’il y a eu récession au Québec en 2020 (seulement 6 mois de baisses) et pourtant le secteur santé n’était pas en baisses.

Fabricant médicament, secteur santé, pharmacie, consommation, stabilité

À cause de la pandémie, le secteur de la santé était en forte hausse.

Normalement, en période de récession, il y a plusieurs personnes qui perdent leurs emplois et dépriment. Cela les amène à consulter leur médecin et ont besoin de pilules ou d’accompagnement psychologique pour les soutenir.

Habituellement, le secteur de la santé va mieux quand l’activité économique va mal.

Le secteur de consommation au niveau des biens courants reste relativement stable. Exemple, je ne mangerai pas un toast au lieu de deux parce que j’ai perdu mon emploi. Ou bien diminué ma quantité de café ou de lait acheté ou baisser la température de ma maison de 21 degrés, à disons, 15 degrés (stabilité du secteur utilité publique). Pour le secteur de la consommation au Québec, elle a augmenté depuis le creux de la période de la pandémie. Mais cela ne veut pas dire que l’économie va bien. On est en mode de récupération, de rattrapage.

On dit aussi qu’on ne peut pas être en récession, même si le taux de chômage augmente. La raison. c’est parce qu’il manque de main-d’œuvre dans certains genres de commerce (arts et spectacles, hébergement, restauration et transport). Selon le Ministre, vu qu’il y a pénurie de main-d’œuvre dans certains commerces, cela veut dire que l’ensemble de l’économie va bien! Ben voyons.

La main-d’œuvre peut manquer dans n’importe quels secteurs et n’importe quand.

Il va toujours y avoir des commerces ou des secteurs où il va manquer de main-d’œuvre. Pour que le taux de chômage augmente comme il le fait en ce moment, c’est parce qu’il y a des personnes qui ne trouvent pas d’emplois dans les domaines où elles veulent travailler. Pour ceux qui sont à l’écoute, on sait qu’il y a des dizaines de grandes entreprises qui font des milliers de mise à pied depuis le mois de novembre 2023. Globalement le marché de l’emploi ne va pas si bien.

Qu’est-ce qui peut créer une récession? Une baisse soudaine dans les exportations ou la suite d’une crise pétrolière comme en (1973-1975 et 1980). Cela peut provenir aussi d’une crise financière et immobilière créée en partie par une hausse des taux d’intérêt (1981-1982), (2007-2009). Celle de 2020, fut créée par la réaction des gouvernements pour composer avec la pandémie. Aujourd’hui, en 2024, on est aux prises avec des hausses de taux d’intérêt et d’inflation.

On a déjà dit que lorsqu’on entend quelque chose sur l’activité économique ou boursière, une des premières questions qu’on doit se poser est de savoir pour qui la personne travaille. En ce moment, est-ce que certaines personnes auraient intérêt à « teinter » la situation économique pour faire valoir que l’économie n’est pas en récession?

Partager
Guy Mineault

Guy Mineault Ph.D

Jeune, j’ai été économiste avec General Motors au siège social à Oshawa en Ontario et j’ai aussi travaillé pour la CIBC au siège social à Commerce Court Toronto. Par la suite j’ai enseigné au niveau universitaire pendant 32 ans en économie, en finance et en placements.

Depuis 1994, je donne aussi des formations et des conférences en économie et en placements. Elles sont accréditées avec la CSF, l’IQPF et l’IIROQ. J’ai aussi fait plusieurs émissions de télévision, des webinaires et de courts vidéos sur les placements en fonds.

Il y a six ans j’ai été co-fondateur du MIDIF, (Mouvement d’information et d’aide aux investisseurs en fonds). Cet OSBL se veut de démythifier et démystifier des propos parfois exagérés dans l’industrie ou de demi-vérités. Il y a aussi une FAQ d’une centaine de questions sur la thématique. Vous y trouverez aussi une application mobile qui vous permet d’évaluer la performance d’investissement de vos fonds ou portefeuilles maison.

En 2010 j’ai écrit et publié un livre « Réussir ses placements sans les subir ». Ce livre s’adresse autant au conseiller en épargne collective qu’à l’investisseur averti. Il permet de voir comment choisir ses fonds selon l’approche fondamentale.

Depuis 2014, et avec la participation d’autres, il a conçu un outil de travail qui s’appelle « Kolortrak ». Ce logiciel est simple d’utilisation et très puissant. Il permet d’analyser et d’évaluer des fonds et des portefeuilles maison selon une approche innovatrice. Au moment ou j’écris ces lignes, l’investisseur a le choix de 37800 fonds différents, 56 catégories, 11 sous-secteurs et 210 familles de fonds et sans compter les nombreuses régions. Il est facile d’utilisation et il permet de choisir ses fonds parmi ses pairs. Il y a aussi une application mobile qui permet de voir la performance de ses fonds. Vous pouvez trouver cela sur le site « Kolortrak.com ». Vous y trouverez aussi 11 heures de vidéos de formation sur l’économie, la bourse et les placements.

Laisser un commentaire

WordPress Ads