La santé mentale au travail est un enjeux pour les PME et grandes entreprises partout dans le monde.

Avec la pandémie de COVID-19, ça continue encore plus de mettre à mal la santé mentale des travailleurs du monde entier.

En effet, selon un sondage d’Ipsos pour le compte du Forum Économique Mondial, plus de la moitié des employés sondés ont rapporté une augmentation importante de leur anxiété dans la dernière année(1).

Plus près de chez nous, Morneau Shepell témoigne de la détresse psychologique actuelle des travailleurs canadiens par le biais de son indice de la santé mentale publié mensuellement.

Dans le cadre de la parution de son indice de janvier 2021, la firme de consultation constate une détérioration de la santé mentale des Canadiens pour un dixième mois consécutif. De surcroît, l’indice est à son plus bas niveau depuis le lancement de cette enquête en avril dernier(2).

Triste constat, certes, mais il y a, néanmoins, une lueur d’espoir à l’horizon.

Toujours selon l’étude de Morneau Sheppell, un tiers des participants sondés indiquent qu’ils désirent privilégier leur santé mentale(3).

Qui plus est, selon une enquête publiée en janvier dernier par la firme d’avantages sociaux Mercer, deux organisations canadiennes sur trois (64 %) projettent d’ajouter des éléments à leur régime d’avantages sociaux pour répondre aux problèmes de santé mentale ou émotionnelle de leurs employés(4).

Entre les besoins des employés et la volonté des employeurs, les astres sont dorénavant alignés. Il est donc impératif pour les organisations de passer de l’intention à l’action.

Les entreprises devront donc user de créativité et d’imagination afin de contribuer à l’amélioration du bien-être et de la santé mentale de leurs employés.

Cependant, entre créativité et improvisation, la ligne peut être mince.

Voici donc 4 clés à ne pas négliger pour les organisations désireuses d’intégrer un programme de santé mentale et de mieux-être en entreprise ou d’optimiser leur programme déjà en place.

1 – Passer outre l’analyse et l’évaluation des besoins : à vos risques et périls.

D’une organisation à l’autre, les réalités peuvent être totalement différentes. Il n’y a pas de solution unique. Elle doit être adaptée aux besoins des employés et à la nature même de l’organisation. Faire preuve de créativité et d’imagination nécessite une réflexion et une évaluation approfondies de cette réalité organisationnelle. Que ce soit par l’analyse des données disponibles (les rapports d’expérience du régime d’assurance collective, le taux d’utilisation des services d’aide) ou un exercice de consultation (sondage auprès des employés), le jeu en vaut la chandelle.

Il est peut-être urgent d’agir, mais pas au risque de mettre en place des programmes farfelus et qui ne conviennent pas aux employés.

2 – S’assurer de l’adhésion et de la participation de la haute direction est une condition sine qua non à la réussite du programme.

Il est révolu le temps où la santé mentale et le bien-être des employés étaient la responsabilité exclusive des ressources humaines. Dorénavant, les grands patrons y jouent un rôle clé.

En clamant haut et fort que la santé mentale des employés est une priorité organisationnelle, la haute direction lance ainsi un message clair que non seulement, ils adhérent au programme, mais qu’ils s’engagent également à faire du lieu de travail un environnement sain et sécuritaire psychologiquement.

Ce texte a été publié en premier dans le Magazine ENJEUX PME de mars 2021

Cette résolution doit cadrer dorénavant avec les valeurs de l’entreprise et s’insérer dans la culture de l’organisation. Il en va ainsi de la réussite du programme.

3 – La stigmatisation demeure le premier obstacle à la demande d’aide. Assurez-vous de la combattre.

Selon une étude de la Commission de la santé mentale du Canada, 60 % des personnes ayant un problème de santé mentale ne demandent pas d’aide, de peur d’être étiquetées ou jugées(5). Conséquemment, toute initiative en santé mentale est vouée à l’échec si un exercice de déstigmatisation n’est pas effectué en amont.

Que ce soit par l’entremise d’une conférence inspirante, d’un webinaire de sensibilisation ou, encore mieux, lors d’un témoignage d’un pair. Plusieurs de ces initiatives permettront certainement de briser les tabous, d’inspirer autrui et surtout, d’ouvrir le dialogue en matière de santé mentale.

En phase avec le point précédent, la haute direction a aussi intérêt à promouvoir l’ouverture et la bienveillance auprès des membres de l’organisation. Enfin, l’adoption d’une politique de tolérance zéro envers tout comportement teinté de préjugés viendra consolider les efforts de déstigmatisation nécessaires au succès du programme.

4 – Outiller les gestionnaires à devenir des « ninjas de la santé mentale » est un incontournable.

Les gestionnaires sont les yeux et les oreilles de l’organisation. Leur donner le soutien adéquat est non seulement un gage de réussite indéniable, mais aussi une marque de respect à leur égard.

Les outiller à repérer les employés en difficulté, à reconnaître les signes de détresse et les changements de comportements ou d’attitude, c’est se doter, en tant qu’organisation responsable, de sentinelles bienveillantes.

Former les gestionnaires (et aussi les employés) à aborder de façon empathique les employés en situation de vulnérabilité doit constituer une priorité absolue de l’organisation.

Faire preuve de leadership bienveillant et de proactivité peut certainement éviter des absences coûteuses, mais plus important encore, faire preuve d’humanité peut certainement sauver des vies.

Créativité et santé mentale en entreprise : un mariage possible ? Tout à fait. Tant que l’organisation ne tombe pas dans le piège de l’impulsivité et que la stratégie adoptée respecte les 4 clés du succès susmentionnées.

Face aux bouleversements engendrés par cette pandémie sur le monde du travail, il ne suffit plus dorénavant de faire quelque chose, mais de faire la bonne chose.

Il en va, non seulement de la bonne santé mentale des employés, mais aussi de la pérennité de l’organisation.

[1] https://www.ipsos.com/en/covid-19-pandemics-impact-workers-lives

[2] https://www.morneaushepell.com/sites/default/files/assets/paragraphs/resource-list/indicedesantementalejanvier2021.pdf

[3] https://www.morneaushepell.com/sites/default/files/assets/paragraphs/resource-list/indicedesantementalejanvier2021.pdf

[4] https://www.mercer.ca/fr/salle-de-nouvelles/tendances-rh-mondiales-en-talents-2021.html

[5] https://www.mentalhealthcommission.ca/Francais/changer-les-mentalites

 

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Martin Binette

Conférencier, Coach, Consultant et Activiste en santé mentale

Martin Binette, fondateur d’Entre Les Deux Oreilles, vit avec la maladie mentale depuis l’âge de 19 ans. Grâce aux bons soins de son médecin-psychiatre et du support de sa famille, il a la chance de vivre aujourd’hui, une vie saine et équilibrée tant au niveau personnel, social que professionnel.

Après une carrière de plus de 20 ans dans le domaine des assurances et de la santé mieux-être en entreprise, il se consacre dorénavant à son rôle d’ambassadeur en santé mentale à titre de conférencier, coach et consultant. Il est l’un des Visages de la campagne de sensibilisation 207-2018 de l’Alliance Canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale (ACMMSM).

martinbinette@entrelesdeuxoreilles.ca

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