Pour faire suite aux différents articles présentés, je vous propose une étude de cas. L’importance de se doter d’un cadre de travail rigoureux, d’une politique de gestion des risques appropriée, c’est-à-dire en phase avec la stratégie commerciale de l’entreprise, y est illustrée.

Risque de devise : une étude de cas

Une entreprise canadienne (monnaie fonctionnelle CAD) distribue aux États-Unis et au Canada. C’est avec surprise que la Société découvre que des lacunes dans le processus de couverture révèlent une exposition au risque de devise égale à 30 % de la valeur de ces commandes envoyées aux États-Unis et est en lien direct avec des mouvements indésirables du revenu net.

Clé : Identifier et quantifier l’exposition au sein du cycle d’exploitation

La Société ne prend pas la pleine mesure de son exposition aux taux de change, car son schème de communication est déficient le long de la chaîne d’approvisionnement; il y a absence de visibilité de certains risques au sein de la comptabilité (risque non confirmé), et également, on constate une insuffisance de l’analyse/compréhension du risque de change. Ce défi n’est pas unique à cette société, et la solution se retrouve au sein de son cycle d’exploitation.

La chaîne d’approvisionnement (simplifiée) :

Dans ce flux de travail simplifié, le client place l’ordre en devise étrangère (une monnaie autre que la monnaie fonctionnelle de la société). Au moment où le client reçoit une facture, le montant se traduit dans les comptes débiteurs sur le bilan de la société.

Comme actif libellé dans une autre devise, il doit être traduit dans la monnaie de présentation de la société à chaque date de rapport jusqu’à la réception du paiement. Ce n’est qu’à ce moment que le risque devient visible au sein des rapports de l’entreprise.

Par conséquent, c’est à ce moment que le contrôleur couvre le montant de devise qu’il attend à la date de paiement. La société est donc couverte seulement à partir de la date de facturation.

Regardons l’effet :

Les données :

Même si l’entreprise se couvre à la facturation, le réalisé est loin des attentes. À l’entrée dans les livres (facturation), le taux de change était de 1,2535, de ce fait, un écart de 25,350 CAD existait par rapport aux attentes. Le montant inscrit aux livres étant 313,375 CAD.

Un délai de 5 mois entre le moment de la commande et celui de la livraison existe. Puisque le client passe une commande dans une monnaie étrangère, la société est exposée aux variations de la valeur de sa monnaie fonctionnelle (CAD) comparativement à la monnaie étrangère (USD) dès que la commande arrive. La société a perdu 32 % de sa marge ou 75 % de ses profits[1] attendus sur cette opération ; ce qui ne se reflète pas dans la comptabilité.

Un schème de communication simple, mais structuré, permet de connaître le moment et l’ampleur des commandes, leurs livraisons, et leurs facturations et, bien entendu, tout retard pouvant subvenir aux opérations. L’entreprise connaît ainsi son exposition tout au long de son cycle d’opération et peut adéquatement couvrir ses marges.

Il n’y a aucun doute qu’un schème de communication adéquat le long de la chaîne d’approvisionnement aurait permis d’identifier le risque de change potentiel dès sa naissance. Ce type d’exposition, préfacturation, est souvent invisible pour le Contrôleur, car l’information n’est capturée par aucun rapport financier et son risque n’est pas pris en compte.

Ce manque de visibilité n’était pas une faille dans l’établissement des états financiers. Au contraire, les livres de la société étaient maintenus avec diligence. La gestion des risques non transparents (par opposition au risque qui est plus visible, car il est reconnu dans le bénéfice net) nécessite une compréhension du cycle d’exploitation de la société et doit également faire partie du programme de couverture des risques de l’entreprise.

Ce programme nécessite, quant à lui, une certaine compréhension des marchés des capitaux et des différents produits de couverture. Mais le fondement de ce programme doit demeurer votre cycle d’exploitation.

C’est la nature de votre cycle d’exploitation, de vos opérations qui détermine la sensibilité de votre rentabilité aux fluctuations des devises. Les solutions aux risques de change ne se trouvent pas sur le marché des devises, mais dans l’analyse détaillée de ce qui fait la spécificité de votre entreprise : ses opérations. Le marché des devises est le même pour tout le monde, mais votre cycle d’exploitation est unique.

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[1] Profit attendu=10 % de la vente CAD ou 33,873 CAD

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Gilles Vigneau MBA, ASC, C.Dir.

Gilles Vigneau, MBA, ASC, C.Dir.

Économiste de formation, j’ai passé plus de vingt-cinq ans sur les marchés financiers, travaillant pour de grandes banques canadiennes et internationales. Mon parcours m’a permis d’acquérir une solide expertise en gestion de risque, expertise que je partage aujourd’hui avec les entreprises exportatrices et/ou importatrices.

Je suis un passionné de l’entrepreneuriat et de la finance.  J’ai fondé Trésorisques Inc. (“Trésorisques”) qui propose à ses utilisateurs la plateforme SAAS : D-RISK FX Budget & BI.

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